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Harcèlement chez nos tout-petits, identifier et prévenir.

Pour de nombreux adultes, il peut être difficile d’admettre ou de comprendre le harcèlement en milieu préscolaire, notamment parce qu’ils sont associés à la force, au pouvoir et à la domination, notions que nous ne sommes pas habitués à associer à la petite enfance. 

Qu’est-ce que le harcèlement ?

Le harcèlement dans les classes maternelles se produit très souvent lorsqu’un enfant est perçu comme différent – plus petit, plus sensible, d’une certaine religion, d’une autre race ou même qui parle une langue différente. 

Le harcèlement chez les jeunes enfants peuvent souvent prendre ces formes :

  • Donner des coups ;
  • Prendre ou ne pas partager des jouets ;
  • Faire des taquineries qui deviennent méchantes et qui visent à faire en sorte qu’un autre enfant se sente mal ;
  • Dans les classes plus âgées (enfants de 4 et 5 ans), empêcher les enfants de jouer les uns avec les autres. 

Chez les très jeunes enfants âgés de 2 à 3 ans qui commencent à se socialiser, leur sentiment d’autonomie naissant, contrebalancé par des moments d’insécurité émotionnelle, peut inciter les enfants à affirmer la possession de leurs jouets, de leur espace, et ce, de manière parfois agressive.  L’intervention d’un adulte bienveillant et compréhensif peut aider à empêcher ce comportement de se transformer en harcèlement.

Pour les enfants âgés de 4 à 6 ans, qui sont plus intéressés par la socialisation et les amis, les brimades peuvent devenir un moyen d’imiter les adultes qui les entourent et d’affirmer leur pouvoir, dans le cas d’un sentiment d’impuissance par exemple.

Le danger du mimétisme

Subtilement, notre société transmet également aux enfants que l’intimidation est une bonne chose.  Les enfants peuvent très souvent être inconsciemment intimidés par les adultes de leur vie. La société, à travers les informations et la culture populaire, transmet l’idée que la différence est dangereuse et menaçante, et qu’il vaut mieux être fort et rapide. Les enfants peuvent apprendre très tôt que le fait d’être différent, plus petit, ou de ne pas appartenir à une race ou une culture dominante, est une faiblesse. 

Comment prévenir le harcèlement ?

Le harcèlement entre enfants exige très souvent une réaction immédiate des adultes qui les entourent. Pour prévenir le harcèlement, les adultes, les parents et les enseignants doivent s’efforcer de créer des environnements qui permettent à tous les enfants de se sentir valorisés, encouragés et en sécurité pour exprimer des différences dans leurs idées, leurs sentiments, leurs comportements et leurs styles d’apprentissage. 

En tant qu’enseignant, si une situation d’intimidation se produit :

Il faut agir immédiatement en faisant par exemple de la situation, un moment d’apprentissage :

  1. Intervenir et mettre fin aux comportements nuisibles. 
  2. Concentrer l’attention sur la victime et non l’agresseur
  3. Aider l’enfant victime à réagir avec assurance, le soutenir
  4. Aidez les enfants à utiliser des mots pour exprimer l’impact des brimades à leur agresseur et aidez l’agresseur à comprendre l’impact de son action.

Parce que les enfants sont jeunes, il est important de travailler sur l’environnement de la classe qui peut être un moyen de prévention primordial contre l’intimidation. La création et le maintien d’espaces de classe tels que des tables de conflit, des coins tranquilles, des bâtons de parole peuvent permettre aux enfants de développer des compétences importantes pour s’exprimer et gérer leur pouvoir de manière productive. 

Dites-leur que vous et les autres membres du corps enseignant sont disposés à les écouter, encouragez-les à se livrer sur des situations qu’ils vivent ou dont ils témoignent, à confier leurs sentiments (que vous légitimerez) et expliquez-leur que vous êtes là pour les aider. 

Parlez du harcèlement !

Il est primordial d’aborder ouvertement ce sujet avec les enfants. En discutant de ces situations, et de leurs solutions ensemble, les enfants comprennent quels sont leur rôle, leurs armes, et qu’ils se trouvent dans un environnement sûr, coopératif et inclusif.

Il est important de se servir régulièrement de livres pour discuter des difficultés à se faire des amis, à gérer les différences, à gérer les émotions.

L’importance d’enseigner les compétences sociales aux enfants.

Un bon moyen d’enrayer l’apparition de ces situations ou de leur dégradation, est l’enseignement des compétences sociales par les parents et les enseignants. En effet, ces compétences sociales incluent  la confiance, du sentiment d’appartenance, comment travailler en équipe, la gestion des émotions, la prise de décision et  la formation du caractère. Soit de puissants moyens de créer des rapports équilibrés pour les enfants, et de leur donner les armes pour interagir de manière saine. 

Cet enseignement peut se faire à l’école comme à la maison, à travers des jeux de rôles, jeux d’équipe, mises en situation avec des poupées etc.

Voici 3 des compétences sociales très utiles à la prévention du harcèlement :

  • L’empathie : la capacité à réagir avec compassion à ce que les autres pensent et ressentent. Cela leur permet d’intégrer que l’intimidation fait du mal à l’autre. Un moyen simple et de leur demander comment ils se sentiraient s’ils étaient dans la position de la victime.
  • L’affirmation de soi : Elle découle de la confiance en soi et permet à l’enfant victime de se défendre, enrayant le comportement de l’enfant agresseur. Si l’enfant sait comment réagir à l’intimidation, il sera moins susceptible d’être ciblé par l’enfant agresseur
  • La résolution de conflit : Les enseignants peuvent apprendre aux enfants à analyser et résoudre des problèmes sociaux de manière constructive et non agressive, notamment à travers la communication.

Apprendre les émotions

Apprendre aux jeunes enfants à exprimer leurs émotions de manière positive commence par les aider à identifier leurs émotions et l’impact de ces dernières sur leur comportement. « Je vois que tu es triste et que tu veux passer un peu de temps tout seul » « Je vois que cela t’a mis en colère ».

Aidez ensuite vos enfants à identifier la bonne réaction à chaque émotion. « Prenons quelques respirations profondes pour t’aider à mieux exprimer ce que tu ressens », « Sortons notre journal pour écrire nos sentiments ».

Comprendre la différence

La différence est une force et pour apprendre aux enfants à respecter, gérer et promouvoir la différence, il est important qu’en tant qu’adultes, nous donnions nous-mêmes l’exemple de la tolérance. Si nous n’avons pas d’amis aux opinions, origines ou religions différentes, il est inutile de demander aux enfants d’en faire autant. Chacun a des forces et des faiblesses, qu’il faut accepter. Dans ce sens, expliquez aux enfants que la différence peut être source d’agression, et que ces comportements ne sont pas normaux.

Promouvoir la bienveillance

Aidez les enfants à trouver des occasions d’être gentils au quotidien. Il peut s’agir de prendre soin d’animaux et/ou de plantes, de participer à des collectes de nourriture, de cuisiner pour la famille, de créer des cadeaux faits maison pour la famille et les amis.  Aider les enfants à tenir un journal de la gratitude et/ou de la gentillesse peut également les aider à reconnaître l’impact de ces événements.  De cette façon, la bonté ne devient pas seulement une idée, mais une façon de se comporter. 

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